Les géants du Nord
Les géants constituent un Patrimoine du Nord de la France, de la Belgique et des Pays-Bas ; un Patrimoine authentique, traditionnel et vivant... et plus abondant qu'en d'autres pays où on les trouve aussi (Scandinavie, Allemagne, Autriche, Espagne...). Dans la région, on en dénombre plus de trois cents ! Leur taille peut aller jusqu'à huit mètres cinquante ou même, pour le plus grand de tous, dépasser onze mètres !
Leur origine est sans doute liée à quelque pratique religieuse processionnelle, où figuraient des personnages bibliques (Goliath), de la Légende Dorée (saint Christophe). La mention la plus ancienne semble intéresser Anvers (1398) et le célèbre Gayant (géant, en picard), figure emblématique de Douai, serait antérieur à l'an de grâce 1480. Dunkerque, à la même époque, voit surgir les Reuzen (géants, en flamand).
Reuze Maman, de Dunkerque, et Reuze Papa, de Cassel L'Electeur de Lamartine, Bergues
Plus profanes, on peut aussi les relier au cycle des récits (Gestes) des quatre fils Aymon et du chevalier Bayard (né sous Charlemagne)... Ces figures tutélaires à travers la région, à l'instar de Lydéric et Phinaert, Romulus et Rémus septentrionaux, supposés avoir fondé la ville de Lille...
Les créations les plus contemporaines possédent une valeur symbole : ils personnifient la cité qu'ils représentent. Le choix de leur nom est de ce point tout à fait significatif et à valeur identitaire. On mêle les géants à la vie de la commune et les sorties processionnelles se déroulent lors de la ducasse (la fête de la dédicasse, c'est à dire du saint patron local), de la foire...
L'âme du géant, non visible du public, est construite selon une technique similaire, d'un géant à l'autre. Une même matière pour l'ossature, en bois et en osier. Etant donnée la taille des personnages, il convient de procurer à l'ossature autant de légèreté et de souplesse que possible, afin d'accompagner au mieux les moindres gestes des porteurs. Le savoir des vanniers et mandeliers était requis pour confectionner ces paniers en osier, capables de fléchir avec élasticité. Le bruit de ce matériau donne vie au géant...
Sous les jupes travaillaient aussi les bourreliers, les selliers ou les cordonniers, qui installaient des harnais à destination des porteurs (de un à six, voire davantage encore comme à Nieuwport, en Belgique). Pour la coupe du costume on recourait aux petites mains des couturières.
Géants et dragons processionnels de Belgique et de France sont désormais inscrits comme CHEFS-D'ŒUVRE DU PATRIMOINE ORAL ET IMMATERIEL DE L'HUMANITE depuis le 25 novembre 2005.
Une association : La Ronde des Géants *, fondée en 1977 a pour vocation l'étude, la sauvegarde et la promotion des géants processionnels et de cortèges.