L'école a-t-elle encore un avenir ?
Un peu d'Histoire... Au Moyen Age, le clergé prend seul en charge l'éducation, qui n'a alors rien de nationale. La société a besoin de personnel qualifié ; tout le monde y trouve son compte, puisque la noblesse dispose ainsi des administrateurs et des érudits dont elle a besoin. La formation des élites est également du ressort de l'Eglise, qui crée les universités.
1789, généreuse et humaniste, change la donne : l'école s'ouvre... mais doit encore attendre Gambetta, car il ne fallait pas trop priver les champs de ses moissonneurs en herbe !
Pas d'angélisme non plus, que diantre, car les véritables vainqueurs de la Révolutions jettent bientôt le masque : un nouvel Ordre remplace la Noblesse. Née avec l'ère proto-industrielle, enrichie avec la vente et l'acquisition des Biens Nationaux, la bourgeoisie d'affaires triomphe ! C'est elle désormais qui règne en Maitre absolu, elle qui se nourrit gouluement de bras vigoureux. Et elle entend consommer des individus moulés selon ses envies et ses besoins, "taillables et corvéables à merci" comme les serfs l'étaient autrefois. Elle veut une main d'oeuvre docile, instruite pas plus qu'il ne faut, incapable surtout de la critiquer et de lui tenir tête. Pas de résistance pour la machine à broyer...
Actuellement, le retour vers le XIXe siècle industrieux s'accomplit un peu plus chaque jour. Les droits du travail sont bafoués ouvertement et font l'objet d'incessantes remises en cause, jusqu'aux points les plus fondamentaux. La misère galope comme un pur-sang : c'est un phénoménal vivier d'exploitation.
Pour l'entretenir, il convient de rétablir un état de crasse ignorance...
Vous croyez peut-être, naïfs que vous êtes, que le rôle de l'école est de transmettre un savoir ? Que le rôle de l'élève est d'apprendre ? Ouvrez donc les yeux !!! En dehors de quelques établissements sélects, avant tout destinés à des lycéens issus de milieux favorisés, les baisses de niveaux constatés ne sont pas une illusion.
L'échec scolaire devient progressivement la raison ultime du système. Il faut décérébrer cette future main d'oeuvre.
Avec la volonté d'adapter les futurs adultes aux normes sociales, l'élève occupe maintenant une place centrale dans un dispositif qui vise à produire de toute urgence des personnels formatés aux seuls besoins du marché. Le secondaire a ouvert le ban sans grande difficulté ; le primaire a fait une héroïque résistance. Mais il faut lui faire boire la coupe jusqu'à la lie et lui faire rendre grâce. La rétention de l'accès au savoir s'organise : on interdit aux enseignants d'exercer leur métier, ils doivent faire découvrir leur savoir par les élèves. Cela ne revient-il donc pas à les laisser croupir dans l'ignorance ???
Quel avenir reste-t-il donc encore pour l'Ecole et ses Enseignants à la vocation sacerdotale ? L'objectif avoué vise à créer des techniciens. Des techniciens dépourvus de culture générale, afin qu'ils soient en mesure de suivre valablement l'évolution de leur domaine, de demeurer compétitifs... jusqu'à un certain point.
La Liberté passe par la Connaissance.
Moins de savoir favorise inexorablement la reproduction des inégalités sociales... Décidément, dans cet obscurantisme entretenu : l'intolérance, les croyances religieuses extrêmes et les superstitions ont de beaux jours devant elles ! Et avec ce cortège, la violence continuera d'éclore et de régner...