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7 décembre 2005

Tu seras un homme

Petite dédicace, à Jean... de la part de son père

... Petite dédicace, à Antoine... de la part de sa mère

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre d’un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un seul mot

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi

Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser le rêve être ton maître
Penser sans n’être qu’un penseur

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme, mon fils.

Rudyard Kipling * (1865-1936)
(traduction Paul Eluard)

Cet auteur, reporter, poète et écrivain vit le jour à Bombay (Inde).
Sa fragilité et sa myopie l'empêchent fort heureusement de faire carrière dans l'armée.

Il est le père de Mowgli, l'enfant sauvage du Livre de la Jungle (1894 et 1895)...
On lui devait déjà un autre monument de la littérature : L'homme qui voulut être roi (1888).

Cet ouvrage fourmille de références maçonniques. Il est vrai que Kipling a été initié en Inde ; il devait d'ailleurs consacrer un admirable poème, plein de symboles évocateurs, à l'Atelier qui le vit naître, en 1896 : La Mère-Loge*.

En 1889, il regagne l'Angleterre après un voyage en Inde, le Japon, l'Amérique.
En 1891, il publie La Lumière qui s'éteint, s'inspirant de ses souvenirs d'enfance.
Marié à une Américaine en 1892, il s'installe dans le Vermont et compose les ouvrages qui lui assurent une renommée mondiale.
Journaliste, il suit de près la guerre des Boers et, en 1901, publie Kim.
En 1907, il reçoit le Nobel de Littérature.
La guerre de 1914 le frappe durement : son fils est tué devant Loos (arr. de Lille).
Il meurt en 1936, laissant inachevée une autobiographie intitulée Quelque chose de moi-même.

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