Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
...avec ou sans sucre ?
...avec ou sans sucre ?
...avec ou sans sucre ?
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 82 513
22 décembre 2006

Passage à... Auschwitz, Silésie

Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers,
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés,
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants,
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent.
Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres :
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés.
Dès que la main retombe il ne reste qu'une ombre,
Ils ne devaient jamais plus revoir un été

DSC_0463

Entre Auschwitz II et II, wagons utilisés pour transporter les Déportés  © Vince, décembre 2006

La fuite monotone et sans hâte du temps,
Survivre encore un jour, une heure, obstinément
Combien de tours de roues, d'arrêts et de départs
Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir.
Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel,
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou,
D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel,
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux
.

Ils n'arrivaient pas tous à la fin du voyage;
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux ?
Ils essaient d'oublier, étonnés qu'à leur âge
Les veines de leurs bras soient devenus si bleues.
Les Allemands guettaient du haut des miradors,
La lune se taisait comme vous vous taisiez,
En regardant au loin, en regardant dehors,
Votre chair était tendre à leurs chiens policiers.

DSC_0465

Auschwitz - Birkenau : entrée du camp et Judenramp (400 m) © Vince, décembre 2006 

       On me dit à présent que ces mots n'ont plus cours,
      Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour,
  Que le sang sèche vite en entrant dans l'histoire,
   Et qu'il ne sert à rien de prendre une guitare.
    Mais qui donc est de taille à pouvoir m'arrêter ?
  L'ombre s'est faite humaine, aujourd'hui c'est l'été,
Je twisterais les mots s'il fallait les twister,

Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez.

      Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers,
   Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés,
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants,
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent.

                                                   Jean Ferrat, Nuit et brouillard

DSC_0469  DSC_0470  DSC_0471

Auschwitz -Birkenau, intérieur d'une baraque ; lavabos ; sanitaires © Vince, décembre 2006

Nota : historiquement, Nuit et brouillard concernait le programme nazi visant la disparition pure et simple des Résistants condamnés à mort mais dont les familles devaient être sans assurance sur le sort. Auschwitz marque la fin du voyage ; c'est Pitchi Poï en Yddish (ce mot désigne un petit village imaginaire et inconnu, au bout du monde). Ce sinistre camp se situe au centre le l'Europe nazie ; il a été le lieu de déportation massif des juifs, victimes privilégiées du régime fasciste (on parlait alors -de manière codée- de Solution finale).  Les Déportés étaient triés sur la judenramp ; 80 % d'entre-eux étaient directement dirigés vers les chambre à gaz.

DSC_0489  DSC_0476  DSC_0475

       chaussures ; vestiaire et chambre à gaz ; fours crématoires détruits par les nazis en 1945  Auschwitz - Birkenau © Vince, décembre 2006

Ils étaient vingt et cent... et les détails ont leur importance !

Pour en savoir plus suivez ce lien *

DSC_0466

Publicité
Publicité
Commentaires
Y
Je ne connaissais pas ce lien, merci beaucoup........
Publicité