Pascal Barbe
"J'ai rencontré beaucoup de peintres dans mon existence de cinéaste. On s'est croisé, parlé, on a dîné et discuté ensemble. J'ai très souvent été déçu par leur mercantilisme, leur nullité, leurs prétentions ou leur fausse modestie ... Et un jour, dans la région du Nord de la France, j'ai vu apparaître un bonhomme aux yeux mangés par les insomnies et le travail, à la voix cassée à force de parler de tant de choses passionnantes. Il m'a entraîné dans une petite maison de mineur de charbon où, en vrac, s'étalaient des dizaines d'oeuvres, toutes pétries d'un talent fou ou d'un talent de fou, comme vous voulez. Des couleurs, des visions démoniaques, tout droit sorties de ce qu'il avait vécu. La vision d'un jeune homme sensible devant les horreurs de la vie quotidienne. Jean-Pierre MOCKY (1986) Les mots de Mocky sont justes... Il faut dire qu'il a accueilli Pascal comme son fils spirituel. Nous avons eu la chance de rencontrer l'artiste dans le quartier lillois où il vit. Pasacal Barbe est initié à la peinture et à la poésie par son grand-père, natif de Chicago, venu en France dans les années 30. Adolescent, il rencontre Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, Bernard Clavel... Il sera élève et ami d'Eugène Leroy. Il peint des miniatures sur des cartons de bière. Sa peinture se nourrit de révolte, exprime l'inhumanité de notre monde. Saint Nicolas, souvenir d'une période de son enfance dans l'Est, est un sujet qu'il travaille sous forme de polyptyques, à la manière du retable d'Issenheim. Bari, ville italienne où repose l'évêque, saint-patron des enfants, lui commande neuf oeuvres en 1998. Pascal est un artiste aux talents multiples : il est l'auteur de l'affiche de LITAN, film de Jean-Pierre Mocky, il travaille avec Daniel Mesguich (Ann Boleyn, Marie Tudor...), il crée Fantômas au Biplan, une affiche pour Reporters Sans Frontières (2000)... Depuis 2000 il travaille sur l'Inde, la Chine, le Japon ; sans oublier Saint Nicolas, sujet de prédilection, symbôle de l'enfance, toujours sous forme de polyptyque. "Depuis que nous avons précipité la conception de cet enfant prodigue qu'est Dieu il n'a jamais eu la possibilité de sortir du trou noir, du mirage et par le manque d'entendement nous demeurons de fulgurants employés du temps". Pascal Barbe. |